Le guide du patrimoine vous permettra de découvrir les richesses architecturales et historiques de la municipalité des Cèdres. Bonne visite!

Situé à environ 50 km de Montréal, le futur village des Cèdres était une étape obligatoire pour les marchands-voyageurs aux 17e et 18e siècles. En effet, en raison des nombreux rapides rencontrés sur le fleuve Saint-Laurent à cet endroit, ceux-ci devaient s’y arrêter avant de poursuivre leur périple vers les postes de traites des Grands Lacs. Ces commerçants installaient leur campement aux pieds des multiples cèdres (thuyas) couvrant les lieux à l’époque. Ces arbres sont maintenant disparus, seul leur souvenir demeure.
 

Le 1274, chemin du Fleuve

En partant du canal Soulanges, dirigez-vous vers le sud en empruntant le chemin Saint-Féréol. Au croisement, tournez à droite sur le chemin du Fleuve jusqu’au numéro civique 1274.

Cette magnifique demeure de campagne a été érigée vers 1837 dans la plus pure tradition des cottages de style Regency (aussi appelé anglo-normand). Les influences anglaises caractéristiques de cette maison sont manifestes : toiture à quatre versants à pente douce, large galerie entourant les quatre côtés du bâtiment, symétrie et équilibre de la forme générale. La décoration, remarquablement soignée, contraste avec la robustesse de cette construction de pierre. La bordure de bois représentant des fleurs de lys, les moulures encadrant les fenêtres ainsi que la porte principale (pilastres) l’illustrent de belle façon.

Si les premiers propriétaires connus de ce cottage sont le marchand montréalais Philip Hooffstetter et son épouse Rachel Hays, c’est lors de son achat en 1871 par François Bissonnette fils que la demeure a évolué vers sa réelle destinée. En effet, ce commerçant l’habitera pendant près de 53 ans. À sa mort, la maison restera la propriété de ses descendants jusqu’en 1998.

Durant les années soixante-dix, l’ancienne résidence de François Bissonnette a été louée par les membres d’une commune appelée les Compagnons du Colombier. De ce fait, et par son inoccupation pendant une période de 16 ans (1982-1998), l’imaginaire collectif a été marqué et le bâtiment s’est ainsi taillé une place dans la petite histoire des Cèdres.

L'ancien magasin général A.-M. Bissonette

Revenez sur vos pas et dirigez-vous vers le village des Cèdres, autrefois désigné sous l’appellation de village de Soulanges. Situé au 1242 chemin du Fleuve, l’ancien magasin général A.-M. Bissonnette vous attend.

Malgré les modifications majeures apportées il y a quelques années, l’actuel centre de rénovation laisse apparaître quelques-unes des caractéristiques architecturales qui ont été siennes pendant près d’un siècle. Comme bien des commerces ruraux de la fin du 19e siècle, cet édifice s’inscrit dans la tradition américaine des villes-champignons (Boomtowns) avec ses deux étages et sa façade postiche qui cache son toit à deux versants. En général, ce type de bâtiment abritait un magasin au rez-de-chaussée et la partie supérieure servait de logement.

Si nous ne connaissons pas la date exacte de la construction du magasin général, nous savons qu’il existait déjà en 1890. En effet, le 31 octobre, peu de temps après la mort de son mari Esdras Bissonnette, Virginie Leroux vend le bâtiment et les terrains qui s’y rattachent. Ils seront achetés par le frère du défunt, Arcade-M. Bissonnette, pour la somme de 1 860 $. Comme pour le cottage de leur autre frère François fils, que nous avons présenté précédemment, le commerce demeurera dans la famille Bissonnette jusqu’à tout récemment (1996).

Prochaine étape, le 1212, chemin du Fleuve

Cette maison construite vers 1860 est un autre exemple du style Boomtown. Créés à l’origine en raison du manque d’espace propre aux agglomérations urbaines, ces bâtiments commerciaux ou résidentiels sont quelquefois coiffés d’une toiture plate légèrement inclinée.

Bien que ces habitations soient généralement appuyées les unes sur les autres, ce type de couverture particulière permet à l’eau de pluie de s’écouler vers l’arrière. Remarquez les côtés de la résidence en forme d’escalier qui, par esthétisme, cachent cette caractéristique du toit, mais en laisse deviner l’ingéniosité.


Le presbytère du Village

Poursuivez sur le chemin du Fleuve jusqu’au superbe bâtiment abritant le presbytère du Village.

L’ancien presbytère, datant de la fin du 18e siècle et considéré comme vétuste, a été remplacé en 1908 par l’édifice que vous observez actuellement. Les dessins des plans furent confiés à l’architecte montréalais Joseph Venne (1858-1925). Profitant d’une forte tradition familiale, Venne est loin d’être un nouveau venu dans le domaine. Avant d’être approché par le curé Joseph-Adélard Castonguay de la paroisse de Saint-Joseph-de-Soulanges, Joseph Venne comptait déjà plusieurs réalisations à son actif. On lui doit entre autres la partie supérieure de l’église Sacré-Coeur-de-Jésus (1886), l’église Saint-Clément de Viauville (1899) et la façade de l’église Saint-Enfant-Jésus (1901), toutes trois situées sur l’île de Montréal.

Pour sa nouvelle création, Joseph Venne s’inspire largement des villas néoclassiques. Érigés au Québec dès le début du 19e siècle, ces bâtiments émulent des constructions de l’Antiquité et seront bien souvent la propriété de riches bourgeois; ils serviront également de presbytères aux membres du clergé. Le choix de Venne n’est donc pas surprenant. Tout comme les cottages de style Regency, ce type de villas est dû à l’arrivée des entrepreneurs britanniques dans le paysage architectural canadien; cette nouveauté sera par la suite adoptée par la population d’origine française.

Le presbytère réalisé par Joseph Venne se caractérise par une toiture à quatre versants, des ouvertures (fenêtres et lucarnes) symétriques, une porte centrale entourée de baies latérales et une grande galerie en façade. Bien qu’à l’origine le recouvrement des édifices de style néoclassique était habituellement fait de bois ou de pierre, Joseph Venne préféra utiliser de la brique, plus populaire à son époque.

Remarquez les motifs géométriques et l’effet de couleur que leur disposition forme à l’étage. Profitant de l’amélioration des moyens de chauffage durant cette période, Venne fait disparaître les immenses cheminées dans les murs-pignons caractéristiques de ce type de construction au profit d’une plus petite située à l’arrière du bâtiment. Pour compléter le tout, le toit est surmonté d’une crête en fer forgé se terminant par une croix de métal, rappel discret de la fonction religieuse de la bâtisse. La construction du presbytère sera confiée à l’entrepreneur Théodore Bélanger de Valleyfield. Le coût consenti à sa réalisation avoisinera les 14 000 $.

Le monument du Sacré-Coeur

Prenez la direction de l’église toute proche et dirigez-vous d’abord vers le monument se trouvant sur le terrain.

Élevé en remerciement à la protection divine accordée aux jeunes hommes des Cèdres lors de la Première Guerre mondiale, le monument du Sacré-Coeur est un rappel émouvant de cet événement sanglant. Installée en 1919, la base de marbre provient de la maison Brunet de Côte-des-Neiges. Il faudra attendre deux autres années avant que la statue soit installée sur son socle.

Sculptée par les artisans de Pietrasanta en Italie, elle est composée de marbre de Carrare. Les lampadaires, également de l’époque, s’illuminaient les vendredis et les jours de fête.
 

L’église Saint-Joseph-de-Soulanges

Maintenant, approchez-vous de l’église Saint-Joseph-de-Soulanges.

Tout comme le presbytère de 1908, l’église a été érigée pour remplacer l’ancien bâtiment datant de 1781. Nous devons cet édifice aux formes néogothiques à l’architecte bien connu Victor Bourgeau (1809-1888). Entre 1849 et 1888, Bourgeau a produit un nombre impressionnant d’églises à travers tout le Québec : Trois-Rivières, Saint-Anicet, Montréal, Sainte-Geneviève-de-Batiscan, Lavaltrie, L’Assomption, etc. C’est l’entrepreneur François-Xavier Archambault qui a réalisé l’ensemble des travaux qui se sont déroulés entre les années 1879 et 1881. Leur coût total sera évalué à plus de 40 500 $.

Bien qu’elle soit sensiblement au même endroit que la précédente, la nouvelle église de Soulanges est située en retrait de l’emplacement original. Le terrain gazonné faisant face à l’actuelle devanture est le lieu où jadis se retrouvaient l’édifice et le cimetière de 1781. Les pierres récupérées lors de leurs démolitions furent utilisées pour élever le mur d’enceinte du cimetière que l’on peut toujours apercevoir à l’arrière de l’église.

Dominant le village par sa hauteur, le clocher est garni de trois cloches. Importées de Londres vers 1881, elles pèsent respectivement 1 800, 1 050 et 790 livres et forment un «carillon parfait» selon les directives de l’évêque de Montréal de l’époque, Mgr E.-C. Fabre. L’apparence extérieure a été modifiée après le 14 janvier 1950, jour où de forts vents ont fait basculer la flèche du clocher qui, après avoir traversé le toit, s’est écrasée à l’intérieur du bâtiment provoquant d’énormes dommages. Devant la perspective d’un autre incident du genre, les responsables préféreront amputer la flèche de 20 pieds au risque de changer la symétrie originelle de la façade. Cette transformation explique l’aspect massif du clocher actuel.

Dix-sept ans après la fin de sa construction, l’église Saint-Joseph-de-Soulanges accueille dans son jubé un véritable trésor. Classé monument historique, l’orgue, qui date de 1898, a été réalisé par Eusèbe Brodeur dans son atelier de La Providence (Saint-Hyacinthe). Cet instrument tient son originalité du fait que très peu d’orgues Brodeur ont traversé le temps sans disparaître ou sans avoir été grandement modifiés. Seules les églises de Cacouna (1888) et de Saint-Joseph-de-Soulanges possèdent l’immense privilège d’abriter des exemplaires qui conservent toujours leur authenticité.

À noter que l’histoire d’Eusèbe Brodeur (1837-1913) est loin d’être banale. En effet, il a fait ses débuts comme apprenti auprès de Joseph Casavant dès 1860. Devant les qualités manifestes de Brodeur et la peur de ne pouvoir assurer la transmission de son savoir à ses fils, Joseph Casavant lui a vendu son atelier six ans plus tard. Devenu propriétaire et tuteur, Eusèbe Brodeur a enseigné à Claver et Samuel Casavant l’art qu’il avait naguère appris de leur père. En 1879, les deux frères ont décidé de quitter leur ancien maître pour fonder leur propre compagnie, la maison Casavant Frères. Aux prises avec de graves difficultés financières, Eusèbe Brodeur a mis fin à ses activités 26 ans plus tard, soit en 1905.

Pour vous convaincre de la qualité du travail d’Eusèbe Brodeur, il existe un enregistrement de l’orgue de l’église de Saint-Joseph-de-Soulanges réalisé par l’organiste Lucien Poirier en collaboration avec la Société Radio-Canada1. Malheureusement, ce disque demeure difficile à trouver.

La boulangerie Leroux

Poursuivez vers la rue Saint-Joseph, nommée ainsi en l’honneur du deuxième seigneur de Soulanges, Paul-Joseph LeMoyne de Longueuil. Dirigez-vous vers le numéro 26 où vous découvrirez la boulangerie centenaire Leroux.

Bâtie vers 1888, elle est la plus ancienne boulangerie des Cèdres. Elle fut active jusqu’en 2001. L’influence architecturale américaine des bâtiments qui la composent est manifeste. La partie centrale, par exemple, avec son toit brisé à deux versants, son revêtement de bois et son sous-sol empruntent le design Second Empire. Les annexes situées à gauche et à l’arrière sont de style vernaculaire avec leur toiture plate à deux versants recouvrant une structure sobre et classique. La boulangerie contient toujours son four de maçonnerie («queulard») qui, depuis plus d’un siècle, fournées après fournées, approvisionne les résidents de la paroisse de Saint-Joseph-de-Soulanges en pains de toutes sortes.

Maurice Sauvé a été, selon toute vraisemblance, le premier boulanger qui mit la main à la pâte et a développé le commerce. Il reçoit les immeubles de ses parents Dosithé Dutrisac et Léocardie Legault lors d’un acte de donation passé le 26 décembre 1888. Maurice Sauvé a conservé la boulangerie pendant plus de 12 ans avant d’aller tenter sa chance aux États-Unis (Salem, Massachusetts) comme bon nombre de Canadiens français à l’époque. Loin de s’éteindre après le départ de ce dernier, l’entreprise artisanale va continuer de croître et lentement s’inscrire dans les habitudes de vie des gens des Cèdres.

La maison de la famille Baillairgé

Continuez sur la rue Saint-Joseph. Tournez à votre droite sur la rue Saint-Thomas. À la rue Sainte-Geneviève, dirigez-vous vers le numéro 11.

La maison de la famille Baillairgé construite vers 1871 est un bel exemple de l’architecture rurale québécoise en usage au 19e siècle. Bien adaptées à l’hiver et aux nouvelles réalités démographiques, ces résidences intègrent astucieusement les influences architecturales françaises et anglaises. La toiture à deux versants, dont l’angle s’adoucit, se courbe lentement allant jusqu’à déborder les murs afin de mieux protéger des éléments les galeries en façade. Le grenier, avec l’ajout de lucarnes, délaisse son rôle traditionnel d’entrepôt et permet son occupation par les membres des familles nombreuses de l’époque.

Les récentes rénovations apportées à la maison Baillairgé ont quelque peu modifié son aspect extérieur. Le bois recouvrant la devanture de la partie centrale a fait place à un assemblage contemporain de pierres. De plus, la symétrie des ouvertures s’est transformée avec la pose de fenêtres modernes et la disparition d’une des deux cheminées (côté est). Le perron de bois accueillant jadis les Baillairgé a également été supprimé. Toutefois, malgré ces changements, le bâtiment témoigne encore très bien du bon goût de nos ancêtres et de leur grande capacité d’adaptation.

Bien que modeste, cette jolie résidence campagnarde est demeurée dans la famille Baillairgé jusqu’en 1973. Son premier propriétaire a été Georges-Frédéric-Théophile Baillairgé (1824-1909), ingénieur civil et député ministre des Travaux publics du Canada. Ce dernier a acquis les terrains notamment de son petit-cousin Thomas Baillairgé (1791-1859) et de son frère Charles-Philippe-Ferdinand Baillairgé (1826-1906).

Tous deux architectes de formation, Thomas et Charles ont fortement marqué le patrimoine bâti québécois du 19e siècle. Thomas Baillairgé a réalisé un nombre impressionnant d’immeubles, tels l’église Sainte-Geneviève de Montréal (1843), la façade de la cathédrale Notre-Dame de Québec (1843) et l’édifice du Séminaire de Québec abritant maintenant le musée de l’Amérique française (1838). Charles-Philippe-Ferdinand Baillairgé n’est pas en reste vis-à-vis son petit-cousin. Conseiller municipal et ingénieur civil de la Ville de Québec, il est également à l’origine d’une centaine d’ouvrages dont l’église de Sainte-Anne de Beaupré (1871) et la terrasse Dufferin (1878).

Le 12, rue Sainte-Geneviève

Avant de poursuivre votre visite en vous dirigeant vers le chemin du Fleuve, attardez-vous quelques instants au numéro 12 de la rue Sainte-Geneviève.

Cette maison de pierre recouverte d’un crépis daterait du début du 20e siècle. L’édifice de forme cubique, appelé Foursquares aux États-Unis, possède une histoire commune avec le bâtiment qui, jusqu’en 2000, s’élevait au coin des rues Sainte-Geneviève et Chemin du Fleuve (anciennement le 1082, chemin du Fleuve), prochaine étape de ce circuit patrimonial.

En effet, jusqu’à tout récemment, elles étaient vendues conjointement.

Le Château Ouimet

Chaque ville et village possède un bâtiment surnommé le «Château». La municipalité des Cèdres n’échappera pas à cette tradition.

Également de style Foursquare, le Château Ouimet, malheureusement entièrement détruit par un incendie le 5 janvier 2000, a été érigé vers 1900. Sa forme carrée recouverte de briques et de pierres taillées, la symétrie au niveau de ses ouvertures (portes, fenêtres et cheminées) ainsi que sa toiture à quatre versants sont autant d’éléments architecturaux caractéristiques de ce type d’habitation. Construites au Québec entre 1890 et 1935, ces maisons apporteront en quelque sorte une réponse à la surcharge décorative de la mode victorienne encore très en vogue à l’époque. À l’origine, le bâtiment possédait deux lucarnes en façade; elles ont été détruites en 1992 lors d’un incendie dont les flammes ravagèrent les deux derniers étages.

La résidence doit son nom à son premier propriétaire, Louis Ouimet. Ce dernier serait aussi responsable de la construction du 12, rue Sainte-Geneviève. Malheureusement, à part le fait que Louis Ouimet a occupé le métier de greffier de la Cour du Banc du Roi à Montréal, nous possédons très peu de renseignements sur sa vie et sur son passage dans ces immeubles. À sa mort, le 16 février 1926, il a légué les deux bâtiments à son neveu, le révérend père Raoul Legault, alors professeur à l’Université d’Ottawa. Graduellement, ce dernier a aménagé le 1082 pour en faire sa maison de campagne où il venait occasionnellement s’y reposer. C’est à partir de ce moment que pour bien des gens des Cèdres, le Château Ouimet est simplement devenu la Maison du Père Legault.

Jusqu’en 1947, la propriété est demeurée au sein de la communauté du Père Legault, les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, qui l’avaient acquise de ce dernier pour la somme symbolique d’un dollar. De maison de campagne, l’édifice va connaître un changement de vocation qui ne se démentira plus par la suite; il deviendra tour à tour, un hôtel, un bar, une boîte à chansons, une salle de spectacles et un resto-bar. L’ancienne villa se verra attribuer des noms se référant à ses dimensions imposantes et à ses nouvelles fonctions commerciales : Manoir Gougeon, Château des Cèdres, Château-Art, Hôtel Benson et plus récemment, Château Les Cèdres Restaurant-Bar.

 
Le 1047, chemin du Fleuve

Les nombreux rapides que l’on retrouve sur le fleuve Saint-Laurent obligeaient les voyageurs et leurs lourds canots chargés de marchandises européennes et coloniales à effectuer une série de portages. C’est pourquoi l’idée de creuser des canaux pour les contourner a tôt fait de germer au sein des classes politiques et marchandes, et ce, dès la fin du 17e siècle. Mais, ce n’est réellement que deux siècles plus tard qu’une vaste campagne de construction de canaux est entreprise.

Plusieurs facteurs ont amorcé des projets d’une ampleur jusqu’alors inconnue : l’arrivée des bateaux à vapeur, l’augmentation des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Amérique du Nord, le désir de Montréal de garder intact son rôle économique de plaque tournante. Parmi ces réalisations d’envergure, notons : le canal de Lachine (1824), le canal de Beauharnois (1845) et le creusage d’un petit canal au milieu du Saint-Laurent entre Québec et Montréal (1850).

C’est dans cette foulée que les travaux pour l’érection du canal de Soulanges seront mis en branle dès 1892. Terminé sept ans plus tard, soit en 1899, il est appelé à remplacer l’ancien canal de Beauharnois. Le canal Soulanges demeure en fonction durant plus de 60 ans avant d’être déclaré obsolète à son tour lors de l’ouverture en 1959 de la voie maritime.

L’édifice que vous observez maintenant est témoin de cette grande époque. En effet, le 1047, chemin du Fleuve est l’un des anciens entrepôts qui desservaient le canal Soulanges. Avant d’être déplacé et converti en résidence, ce bâtiment centenaire était situé au quai Saint-Féréol, dont on aperçoit toujours les vestiges au croisement du chemin Saint-Féréol et de la route 338, qui longe le canal Soulanges.

L’entrepôt proprement dit est la partie en façade. La section arrière a été érigée subséquemment. Les dernières modifications apportées au bâtiment, réalisées durant l’été 1999, incluent le revêtement extérieur contemporain, la nouvelle fenestration et la transformation de la toiture originale par l’ajout de pignons sur la devanture.

 
La maison Pierre Charay

Maintenant, dirigez-vous vers le 1037, chemin du Fleuve. Construite en 1793, cette habitation est la plus ancienne de la municipalité des Cèdres.

Classée monument historique en 1981, la maison Pierre Charay est de style traditionnel québécois. Son architecture est typique avec son toit à deux versants couvert de tôle, dit «à la canadienne», sa fondation de pierre et son recouvrement externe fait de planches de bois disposées horizontalement. La toiture cintrée abritant le perron-galerie est une caractéristique importante qui différencie la maison Charay des bâtiments érigés sous le Régime français.

Cette superbe résidence impressionne également par son caractère évolutif. S’adaptant aux différents besoins de ses propriétaires, la maison connaîtra au moins cinq modifications majeures au cours de son existence. En 1804, en raison d’un contrat passé avec Pierre Charay, le maître maçon Antoine Dandurant a agrandi le carré central de 6,8 mètres vers le nord. La cheminée de droite permet de bien visualiser cette transformation; située à l’origine à l’extrémité de l’édifice de 1793, elle est maintenant presque au centre de la toiture. L’ajout, aux 19e et 20e siècles, de trois annexes (nord, sud et est), d’une galerie et de huit lucarnes modifieront également l’aspect extérieur de l’habitation.

La maison Charay est ainsi devenue un magnifique modèle architectural. En effet, d’un bâtiment issu de la tradition française, elle va faire siennes les nouvelles techniques de construction et donc toujours être bien de son temps. L’immense similitude entre la maison Charay et la maison de la famille Baillairgé, et ce, malgré un décalage de 78 années, en est un exemple parfait.

Maître farinier, fermier des moulins de Soulanges et négociant, Pierre Charay connaît une ascension sociale et économique qui se reflète sur l’apparence de sa maison. Les nouveaux besoins engendrés par son commerce et le manque d’espace vont, selon toute vraisemblance, être à l’origine de l’agrandissement de 1804 et de l’apparition du magasin (annexe nord). Charay aurait également profité de ces travaux pour remettre sa demeure au goût du jour par l’ajout d’éléments décoratifs de style Adam. À l’extérieur, seule la porte principale avec ses motifs octogonaux et sa section vitrée (imposte) témoigne encore de ce courant américain populaire au début du 19e siècle dans les régions frontalières. N’ayant pas d’enfant, il a vendu la maison en 1830 à son neveu Dominique Charay, marchand de Soulanges.

Le 1012, chemin du Fleuve

Après avoir longé l’immense devanture de la maison Charay, poursuivez votre chemin vers le sud jusqu’au numéro civique 1012, situé à quelques pas.

Cette maison de la fin du 19e siècle (vers 1895) aurait eu comme premiers propriétaires le capitaine de vaisseau Zénon Lafrance et son épouse Luce Leroux. Avec son revêtement de bois, sa véranda sur deux des côtés, ses volets, son toit de tôle et son hangar ancestral, ce splendide bâtiment a su conserver sa beauté originelle.

 Très populaire entre 1875 et 1920, ce type d’édifice avec sa toiture mansardée (style Second Empire) est présent dans presque toutes les régions du Québec. Ces résidences sont une réponse pratique au manque d’espace chronique des habitations traditionnelles résultant de la hausse du nombre de naissances et de l’arrivée continuelle d’immigrants d’origines diverses (anglaise, écossaise, irlandaise, italienne, etc.). En effet, la forme brisée du toit permet l’augmentation du volume du grenier et rend ainsi possible la création de chambres ou d’un logement à l’étage. 

Prochaine étape, le 1000, chemin du Fleuve

Les deux prochaines propriétés que vous rencontrerez sur le parcours sont également de style Second Empire.

Cette belle maison colorée assise sur son monticule domine le fleuve. Son aspect est très similaire à celui de l’habitation précédente, avec sa toiture brisée à deux versants, la symétrie de ses fenêtres et de ses portes, la présence de lucarnes au niveau des combles et la cuisine d’été située à l’arrière. En fait, la seule différence majeure est la galerie couvrant trois des côtés de la résidence.

Également construite vers la fin du 19e siècle, le premier document sur lequel figure la demeure, mentionne qu’elle aété acquise le 7 juillet 1893 par Maxime Leroux. Celui-ci en prit possession lors d’une vente aux enchères qui s’est tenue à la porte de l’église Saint-Joseph-de-Soulanges suite à la faillite de Jean Leroux, survenue quelques mois plus tôt. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à établir les liens de parenté qui unissaient Jean Leroux à Maxime Leroux : père, fils, frère, oncle, neveu?

Le 964 et le 966, chemin du Fleuve

Maintenant, quittez la rue Principale pour vous diriger vers le chemin Public.

Mais attention, vous ne retrouverez pas ces deux noms de rues, car elles ne sont qu’un rappel des différentes appellations par lesquelles le chemin du Fleuve a été désigné au cours de son existence! Rue Saint-Laurent, rue Saint-Joseph et chemin du Roy font également partie des termes utilisés pour indiquer cette route qui traverse Les Cèdres.

Cette maison de style Second Empire est un autre bel exemple de ce type d’architecture originaire de France implanté au Québec par le biais de nos voisins du sud, les États-Unis. Encore une fois, on retrouve la toiture mansardée à deux versants, la présence d’un sous-sol et la cuisine d’été à l’arrière de l’édifice. Les ouvertures sont symétriques, exception faite peut-être de cette petite lucarne maladroitement insérée à gauche du toit, brisant quelque peu l’harmonie du deuxième étage. Malgré tout, l’ensemble des éléments décoratifs reste soigné. Observez les jolies boiseries rouges (fleurons) qui ornent les pignons de trois des lucarnes. Le tout est complété par deux grandes cheminées de briques situées aux extrémités de la bâtisse. Celles-ci témoignent encore très bien des moyens de chauffage de l’époque, rudimentaires certes, mais à l’épreuve des tempêtes de verglas.

Après la mort de son mari, le commerçant Esdras Bissonnette, en 1890, Virginie Leroux a habité le bâtiment pendant 21 ans. En 1911, elle l’a légué à son fils Émile, alors cultivateur de la paroisse de Saint-Joseph-de-Soulanges. L’autre fils du couple Bissonnette-Leroux, le marchand Joseph-Noé, a quant à lui hérité d’un immeuble que l’on peut toujours apercevoir de nos jours malgré les nombreuses transformations qui lui ont été apportées (le 1162 et le 1170, chemin du Fleuve). Au début du dernier siècle, l’aspect extérieur de la maison de Virginie Leroux et du magasin de Joseph-Noé Bissonnette était identique. Ils ont très probablement été construits par le même entrepreneur pour le compte d’Esdras Bissonnette.

 
Rendez-vous tout juste au coin du chemin du Fleuve et de la rue Sainte-Catherine.

Construite après 1913, la belle résidence située au 944, chemin du Fleuve est de tradition pittoresque. La sobriété de ses lignes contraste avec les bâtiments plus massifs d’esprit français et Regency aperçus précédemment. De plus, son plan en L détonne avec les autres habitations traditionnelles, dont la forme est généralement en T. Comme l’expliquent Michel Lessard et Huguette Marquis dans leur encyclopédie de la maison québécoise, l’aspect néoclassique de ce genre de demeure est intensifié par le fait que leur façade, située sur l’un des murs pignons, s’inspire directement des frontons des monuments grecs de l’Antiquité. Encore une fois, les portes et les fenêtres sont positionnées de façon symétrique. Ces dernières peuvent être à grands carreaux ou à guillotine. Le toit, où s’insèrent des pignons de forme triangulaire, est plat et à deux versants. Les planches verticales recouvrant les arêtes du bâtiment (pilastres) indiquent une finition soignée contribuant également à son apparence classique.

 À l’instar d’Adélaïde-Catherine Aubert de Gaspé (1815-1895) et de son époux Georges-René Sauveuse de Beaujeu (1812-1865), dernier seigneur de Soulanges, le médecin Joseph Thauvette a possédé un nombre impressionnant de terrains aux Cèdres au tournant du siècle. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait été le propriétaire de la terre où est maintenant située la maison. Le 13 avril 1911, le docteur Thauvette s’est défait de 69 de ses lots. Il les a vendus à Onésime Aubry pour la somme de 1 525 $. Celui-ci, en bon commerçant qu’il est, a sous-divisé les terrains nouvellement acquis. En 1913, Aubry a cédé deux parties de lots à Anselme Chartrand. Le nouvel acquéreur déboursera 500 $ pour ces emplacements sur lesquels il fait bâtir l’immeuble que vous êtes présentement en train d’observer.

Le deuxième bâtiment le plus ancien au village de Soulanges encore debout

Poursuivons notre visite. Empruntez maintenant la rue Sainte-Catherine jusqu’à la rue Saint-Paul. Tournez à gauche. Au premier croisement, dirigez-vous vers la droite sur la rue Saint-Thomas. Vous voici sur la rue de l’Hôtel-de-Ville, anciennement Saint-Dominique. Tournez à gauche et rendez-vous jusqu’au numéro civique 17.

Bâtie vers 1835 et de style traditionnel québécois, cette jolie maison possède un toit de tôle courbé qui devait originellement couvrir un perron plus volumineux. Les fondations de pierre sont toujours visibles et contribuent fortement à son apparence solide et massive. Si au 19e siècle les murs extérieurs étaient habillés de planches de bois, les modes du siècle suivant ont fait en sorte que le revêtement d’aujourd’hui est composé de métal bosselé ou repoussé. Cette transformation confère à la résidence son allure originale. En effet, on dirait presque à première vue, elle est recouverte de pierres taillées. Néanmoins, l’absence de lucarne et l’asymétrie des portes et des fenêtres tranchent quelque peu avec ce type de construction québécoise.

L’utilisation de l’âtre ou du poêle de fonte pour la cuisson de la nourriture rendait la chaleur rapidement insupportable dans ces maisons lors de la saison estivale. L’ajout d’une annexe servant de cuisine d’été, dès le 19e siècle, va régler cet inconfort. Ainsi, la fraîcheur de la bâtisse principale sera conservée au cours de ces quelques mois. Durant l’hiver, puisque cette pièce était sommairement isolée, les gens y entreposaient leur bois de chauffage.

Malheureusement, le passé de la maison est encore très peu connu. Les premiers documents relatifs à la demeure datent de 1915. À cette époque, elle appartenait aux héritiers de François-Xavier Ménard.

Le 1102, chemin du Fleuve

Retournons sur le chemin du Fleuve. Dirigez-vous vers le 1102, l’avant-dernière étape du circuit.

Érigé vers la fin du 19e siècle, le bâtiment est de style Foursquare. L’immeuble de brique accueille un perron de bois relativement volumineux, brisant ainsi la sagesse de ce style dépouillé. Sur certains modèles, les étages supérieurs servaient à la location et, de ce fait, se voyaient garnis d’une galerie. Très répandu au Québec entre 1890 et 1935, ce courant architectural américain a été très populaire aux Cèdres; plusieurs propriétés en témoignent encore de nos jours.

Achetée en 1901 par Joseph Thauvette, alors étudiant en médecine, la bâtisse ne sera pas longtemps sa propriété. En effet, deux ans plus tard, son diplôme en poche, il l’a vendue à Joseph Montpetit. Ce marchand-tailleur y tiendra boutique pendant plus de 37 ans, soit jusqu’à sa mort en 1940. Entre 1936 et 1947, l’une des pièces de l’immeuble sera transformée en une succursale de la Banque Canadienne Nationale. La maison demeurera au sein de la famille Montpetit jusqu‘en 1982.

L’ancienne centrale hydroélectrique du canal de Soulanges

Comment ne pas conclure notre visite de la municipalité des Cèdres sans présenter l’un de ses bâtiments les plus impressionnants?

Situé au 2100, chemin du Fleuve, soit à un peu plus de quatre kilomètres du village en direction de Coteau-du-Lac, cet édifice a été reconnu monument historique en 1984.

Érigée en 1899 selon les plans de l’ingénieur Thomas Monro, la centrale des Cèdres était conçue pour actionner les portes des écluses et éclairer le parcours de 23,6 kilomètres qu’empruntait le canal de Soulanges. La lumière émise par un nombre impressionnant de lampadaires, maintenant disparus, rendait la navigation possible 24 heures sur 24. Les 528 kilowatts produits par les deux génératrices permettaient également d’actionner les ponts tournants traversant le canal.

La centrale des Cèdres était à la fine pointe de la technologie de l’époque. En effet, ce n’est qu’à la fin du 19e siècle que la maîtrise des techniques hydroélectriques modernes a permis l’aménagement d’installation de ce type. La centrale la plus ancienne serait celle des chutes Montmorency construite en 1885, ce qui a fait de Québec la première ville à être alimentée en électricité dans tout le Canada.

En 1959, en raison de la désuétude du canal de Soulanges, conséquence irréversible de l’ouverture de la voie maritime, la centrale des Cèdres a été définitivement fermée. Fort heureusement, le bâtiment qui compose ce magnifique complexe est demeuré pratiquement intact. Des 87 centrales hydroélectriques qui ont été construites au Québec avant 1900, seulement quatre subsistent encore de nos jours.

L’influence architecturale que privilégia Thomas Monro pour réaliser l’édifice est le modèle château. Typiquement canadien, ce style trouverait ses origines, selon l’historien de l’art Jean Bélisle, avec l’arrivée au pays de Lord Dufferin en 1872. Ce dernier proposa de restaurer les portes de Québec à la manière des forteresses médiévales de manière à rappeler le passé français de cette ville. Peu de temps après, le Canadien Pacifique favorisa l’essor de ce type d’architecture par la construction d’une série d’hôtels pancanadiens dont fait partie le Château Frontenac. L’originalité de l’ancienne centrale des Cèdres provient aussi du fait que seul l’ingénieur Monro a opté pour ce courant stylistique afin de créer un bâtiment abritant un complexe hydroélectrique.

La centrale mesurant 26 mètres de longueur sur 8 mètres de profondeur est composée de trois sections principales. Le corps du milieu accueillait la salle des machines, l’aile ouest hébergeait le surveillant, tandis que l’aile est servait d’entrepôt. La symétrie du bâtiment est manifeste. Les toits surmontés de pignons sont à pente raide et recouverts d’ardoise. Remarquez les petites tourelles présentes sur trois des quatre côtés des deux annexes. La bâtisse est faite de briques rouges auxquelles on a ajouté comme élément décoratif, des pierres angulaires (chaînage) composées de grès de l’Ohio. Le nombre important de fenêtres avait pour fonction de laisser pénétrer au maximum la lumière du soleil afin de favoriser l’éclairage naturel à l’intérieur du bâtiment.

Construite au confluent de la rivière à la Graisse et du fleuve Saint-Laurent, l’ancienne centrale hydroélectrique est le témoin privilégié du dynamisme et de l’importance qu’a revêtue le canal Soulanges au niveau économique.

Votre visite de la municipalité des Cèdres se termine ici. Nous vous remercions d’avoir été au rendez-vous de notre histoire et souhaitons vous retrouver bientôt parmi nous.

Recherche et rédaction: Sébastien Daviau, historien

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Autre attrait à visiter :

La maison la plus vieille de Les Cèdres et possiblement de Soulanges, au 494, chemin du Fleuve. Elle est de style breton, en granit jaune, extrait de la Pointe des Cascades comme beaucoup de maisons autour du Lac Saint-Louis et a été construite en 1774 selon un contrat passé devant le notaire Thomas Vuatier, le 24 novembre 1773 entre Joseph Lalonde propriétaire de la terre no. 22 du terrier de Soulanges et Pierre Lahait maître-maçon de Montréal. La maison a été construite sur une concession arpentée le 9 mars 1729 par Jean-Baptiste Angers arpenteur-juré, vendue en concession à François Baune par le Chevalier de Longueuil le 23 mai 1742, mais celui-ci l'avait déjà vendue le 1 septembre 1740 à Albert Lalonde, qui l'a vendue à son frère Joseph, le 5 décembre 1753. La résidence a toujours été une maison de ferme. Joseph Lalonde l’a donnée à son fils Philippe, le 8 avril 1783. Philippe Lalonde a donné la maison le 11 août 1818 à Antoine Bonaventure Madore, celui-ci a fait placer une pierre sur la devanture de la maison, son nom, A Madore et 1846, possiblement après des travaux sur la maison. Le 7 février 1840, Georges-René Saveuse de Beaujeu a re-concédé la terre par titre nouvel à Antoine Bonaventure Madore. Le 1er décembre 1881, la veuve de feu Antoine Bonaventure Madore a donné la maison à Joseph Bériault et celui-ci l’a vendue le 24 octobre 1888 à Alexandre Leroux. Les Leroux en seront propriétaires jusqu'en 1952, alors qu'elle devient un chalet et propriété de Nadene Styan. Elle restera chalet jusqu'en 1971 où elle est à nouveau habitée en résidence par un vétéran, J.C. Beaulac. Celui-ci l’a vendue en 1980 à Roger Brouillette. Entre 1992 et 1995, la maison originale est entièrement restaurée à son époque de 1774.

Source: Micheline et Roger Brouillette

ISBN-2-9807597-0-8
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 2002
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 2002
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